L'économie du thé
Le Comité français du thé multiplie les actions de promotion depuis 1960, comme le récent Festival du thé à Paris. Ses efforts paient : de 3 000 tonnes de thé consommées par an en 1960, nous sommes passés à 8 600 tonnes en 1995 et à plus de 15 000 tonnes aujourd’hui ! Six Français sur dix (majoritairement des femmes) boivent désormais du thé, soit 230 grammes par personne et par an. Nous restons cependant loin derrière les Irlandais (2,76 kg par personne et par an) et les Britanniques (2,26 kg)... Si toutes les classes d’âge consomment du thé, les amateurs appartiennent généralement aux catégories socio-professionnelles supérieures. Car le thé reste cher, même s’il se démocratise : il faut compter au moins 30 euros par kilogramme pour un thé de qualité. Or sur le marché de gros, le cours mondial s’établissait à 1,73 dollar (1,30 euro) par kg en décembre 2004 ! Selon l’association Artisans du monde, 30 à 50 % du prix payé par le consommateur va en effet au mélange, à l’emballage et à la promotion. Le thé noir (plus fort en goût) représente 80 % des achats, mais le thé vert est en forte croissance : son volume d’achats a été multiplié par 5 depuis 1996 ! Un succès probablement dû à la forte communication sur l’effet bénéfique du thé pour la santé. La diversification de l’offre avec des thés parfumés et l’essor du thé glacé ont également beaucoup aidé au dynamisme du secteur. En somme, le thé tient la forme !
Combien ça rapporte ?
Première boisson chaude consommée au monde, le thé génère un chiffre d’affaires de 25 milliards d’euros pour une production mondiale d’environ 3 millions de tonnes par an. Plus de la moitié est originaire d’Inde et de Chine - les autres principaux pays producteurs sont le Kenya et le Sri-Lanka. Mais l’emballage et le mélange du thé, partie la plus lucrative du commerce, sont réalisés dans les pays importateurs. Les plus gros sont la Russie et le Royaume-Uni. La France n’importe que 1 % de la production mondiale de thé noir : le chiffre d’affaires de l’industrie française du thé s’élève à près de 350 millions d’euros par an... La concentration du marché est très forte : 85 % de la production mondiale de thé sont vendus par une poignée de multinationales qui possèdent à la fois les plantations et les usines de transformation. Les principales sont Unilever (Lipton, Élephant, Tchaé), le groupe indien Tata (marque Tetley) et Associated British Foods (marque Twinings). Leader du secteur, Unilever détient avec Lipton la première marque mondiale de thé : elle représente plus de la moitié des volumes d’achats en France. Hors des grandes surfaces, les comptoirs et salons de thé se différencient par des mélanges originaux et haut de gamme. Ils sont approvisionnés par des importateurs indépendants comme les établissements Cannon ou Dammann Frères. La tendance des consommateurs vers plus de goût devrait leur apporter de nouveaux clients...